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Mesure phare de la réforme des retraites, le report de l’âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans, couplé à une accélération de la durée de cotisation à 43 ans, soit 172 trimestres, va impliquer des changements substantiels.

Si théoriquement, le fait de travailler 2 années de plus et de cotiser davantage va être générateur de droits supplémentaires à pension, les choses ne sont pas aussi limpides qu’elles ne paraissent.

Alors, votre pension de retraite va-t-elle augmenter, ou baisser ? Quelques simulations pour y voir plus clair.

Retraite de base vs retraite complémentaire

Il convient dans un premier temps de distinguer la retraite de base et la retraite complémentaire :

  • La retraite de base repose sur un mode de calcul complexe. Dans le système actuel, si un salarié du privé qui a validé tous ses trimestres avant l’âge légal fixé à 62 ans choisissait de partir à 64 ans, il percevrait une pension majorée, plus importante qu’elle ne le serait avec la réforme. La formule permettant de calculer cette retraite de base est la suivante :

Salaire annuel moyen X taux de liquidation X (durée de cotisation/durée d’assurance requise)

 

  • La retraite complémentaire est un système par points, proportionnel aux cotisations. Les actifs cotiseront plus longtemps dans le nouveau système et de ce fait, acquerront plus de points pour leur retraite complémentaire et donc mécaniquement une pension plus élevée.

Afin de comprendre l’impact de la réforme sur le montant des pensions de retraite, nous allons vous présenter les pensions de deux profils différents au regard de la législation actuelle et future qui devrait entrer en vigueur le 1er septembre 2023. Ils sont tous les deux salariés du droit privé et par conséquent affiliés au régime de base des salariés ainsi qu’au régime complémentaire Agirc-Arcco.

Pour faciliter sa compréhension, notre étude sera centrée uniquement sur une comparaison au regard de la pension du régime de base.

Cas numéro 1 : Édouard né en 1976

Prenons l’exemple d’Édouard né en 1976 (47 ans) qui a débuté sa carrière à l’âge de 21 ans. Salarié du droit privé, il gagne un revenu annuel moyen de 30 000 euros.

Sous la législation actuelle, il pourrait partir à l’âge de 62 ans. Deux scénarios sont alors possibles, à savoir partir à 62 ans, ou partir à 64 ans :

  • Avec un départ à 62 ans, il ne bénéficiera pas du taux plein mais d’un taux réduit de 45 % (au lieu de 50 %) comme il n’aura cotisé que 164 trimestres sur les 172 nécessaires à sa génération. Il pourrait ainsi prétendre à une pension mensuelle brute de 1 072 euros.
  • S’il décidait en revanche de partir à 64 ans, il pourrait liquider alors sa pension à taux plein (50%) comme il aura cotisé les 172 trimestres nécessaires. Sa pension mensuelle brute serait donc plus élevée et s’élèverait à 1 250 euros.

Avec la réforme sur les retraites en cours, les conséquences sont différentes :

  • il ne peut plus partir à 62 ans et se trouve contraint de prendre sa retraite à l’âge de 64 ans.
  • Les conditions du taux plein étant satisfaites, il bénéficie d’une pension de base identique à celle des dispositions actuellement en vigueur, soit 1 250 euros.

Cas numéro 2 : Aline née en 1965

Prenons à présent l’exemple d’Aline, née en 1965 (58 ans) qui a débuté sa carrière à l’âge de 21 ans en tant que salarié du privé pour un revenu annuel moyen de 20 000 euros. Malgré son âge avancée, Aline est tout de même concernée par la réforme qui vise les personnes nées à compter du 1er septembre 1961.

Avec les règles actuelles, elle pourrait partir en retraite à 62 ans comme elle remplit les conditions du taux plein (169 trimestres cotisés sur les 169 nécessaires) et prétendre à un pension mensuelle brute de 833 euros. Elle pourrait également décider de partir plus tard. Les conséquences de cette deuxième option seraient les suivantes :

  • Si elle décidait de travailler plus, elle pourrait alors bénéficier d’une majoration de sa pension de base à hauteur de 1,25 % par trimestre supplémentaire, soit (+5 % si elle travaille jusqu’à 63 ans, + 10 % si elle travaille jusqu’à 64 ans, +15 % si elle travaille jusqu’à 65 ans).
  • Avec un départ à 64 ans, elle cotiserait donc deux années de plus (8 trimestres) lui donnant droit à une surcote de 10 % pour les trimestres supplémentaires. Sa pension s’élèverait donc à 916 euros.

Avec la réforme, Aline ne peut pas partir avant l’âge de 63 ans et 3 mois. La réforme aura donc l’impact suivant :

  • Elle ne peut bénéficier d’une surcote de 5 % qu’en cas de départ à compter de l’âge de 65 ans, (10 % à 66 ans et 15 % à 67 ans). La surcote étant octroyée lorsque l’assuré, qui réunit tous les trimestres nécessaires pour le taux plein, a dépassé l’âge légal de départ à la retraite (64 ans).
  • Sa durée de cotisation est rallongée de 2 ans lui donnant droit à une pension identique à celle d’un départ à 62 ans sous la législation actuelle.

Réforme des retraites 2023 : infographie sur l'impact du montant des pensions