
Le Conseil d’orientation des retraites (COR) a présenté le 21 juin 2023 son rapport annuel sur les évolutions et les perspectives des retraites en France notamment au regard de l’impact de la réforme en cours sur l’âge de départ, la pension de liquidation, la durée de la retraite… selon la génération et le genre.
Qu’en est-il concrètement ? Focus.
Des effets différents de la réforme sur les pensions selon la génération
Dans son rapport annuel de 2023, le Cor étudie les effets de la réforme des retraites en cours au sein de trois générations (1966,1972 et 1984) au regard de l’âge de départ à la retraite, du montant des pensions de liquidation et des pensions cumulées sur un cycle de vie permettant une « vision plus globale de l’ensemble des pensions perçues tout au long de la retraite ».
Concernant l’âge de départ et la durée d’assurance nécessaire pour le taux plein :
- Si la réforme des retraites repousse partiellement le calendrier de l’âge de départ à la retraite à 63 ans et 6 mois pour la génération née en 1966, cette dernière subit une accélération importante du relèvement de la durée d’assurance nécessaire pour le taux plein (soit plus de trois trimestres).
- A l’inverse, il ne faudra qu’un trimestre supplémentaire pour la génération née en 1972 devant déjà prétendre à quasiment 43 années d’assurance pour obtenir le taux plein sous la législation actuelle en vertu de la réforme Touraine mais sera contraint de partir à 64 ans au lieu de 62 ans.
- La génération née en 1984 est également concernée par un relèvement de l’âge légal de départ de 2 ans (64 ans) mais sa durée d’assurance nécessaire pour le taux plein reste inchangée, avec un report d’environ 6 mois en moyenne.
Par ailleurs, avec un départ à la retraite plus tardif, les pensions seraient en moyenne plus élevées principalement en raison de la hausse du minimum contributif et de son nouveau mode d’indexation (sur le Smic et non sur les prix).
Ainsi, selon le COR :
- Le gain moyen est évalué à 1,2 % pour la génération de 1966 : pour 79 % d’entre eux, la pension serait identique à plus ou moins 5 % avant et après réforme. Sur le long terme, 58 % de cette génération perdrait cependant 1 % de pension et seulement 21 % auront une pension quasi identique ;
- Pour la génération 1972, la pension sur le long terme serait identique pour 32 % des assurés, en baisse d’au moins 1 % pour 38 % des assurés et élevée d’au moins 1 % pour 28 % des assurés ;
- Le gain de pension serait en moyenne de 2,5 % en moyenne pour la génération 1984 (qui devrait pouvoir partir à la retraite à l’horizon 2048) dont 36 % verraient leur pension augmentée d’au moins 5 %. Et, une pension cumulée plus élevée de 0,9 % en moyenne.
En conclusion, « il y aurait moins de perdants dans la génération 1984 que dans les deux premières (26 % dont 18 % entre 1 % et 5 %) et plus de gagnants (35 %)» selon les analyses du Cor. Les différences de pension relevées dans le rapport peuvent s’expliquer par les différences d’âge de départ à la retraite entre ces générations.
À NOTER
Le Cor souligne que « ces angles d’analyse restent cependant partiels, puisqu’ils ne rendent compte que de la situation financière des individus à la retraite et non de leur situation avant la retraite.
Il convient de plus d’insister sur le fait que les indicateurs présentés ne peuvent s’interpréter comme un indicateur de bien-être lequel supposerait de prendre en compte les diversités de préférence pour le présent ou bien encore de préférence pour le travail ou le loisir, variables en fonction des situations des assurés et notamment leur état de santé ».
Des départs plus tardifs pour les femmes mais des pensions plus élevées
Quel que soit la génération étudiée, le Cor constate que « l’ampleur du report d’âge de départ à la retraite est plus élevée pour les femmes » avec un écart de plus en plus important au fil des générations. Ce report serait par ailleurs « d’autant plus important que leur nombre d’enfant est élevé » ainsi que leur pension.
Selon le rapport, les femmes gagneraient en moyenne davantage que les hommes. La pension des femmes serait ainsi estimé à :
- 1,9 % contre 0,7 % en moyenne pour les hommes concernant la génération née en 1966 ;
- 3,4 % contre 1,7 % pour la génération 1984 notamment grâce à la surcote MDA (majoration de durée d’assurance) accordée dès l’âge de 63 ans aux personnes bénéficiant d’au moins un trimestre MDA pour enfant.